Cataracte secondaire et corps flottants : tout savoir

Publié le 07 juillet 2025 .

Maladies oculaires

La cataracte secondaire et les corps flottants sont deux troubles visuels fréquemment rencontrés après une chirurgie de la cataracte. Bien qu’ils n’aient aucun lien physiopathologique direct , ils peuvent survenir dans les mêmes délais post-opératoires , suscitant ainsi inquiétude et confusion chez de nombreux patients. Faisons le point sur ces deux phénomènes, leurs causes, leurs traitements et leur évolution.

Cataracte secondaire et corps flottants | Dr Grasswill | Strasbourg

Cataracte secondaire : qu’est-ce que c’est ?

La cataracte secondaire, également appelée opacification capsulaire postérieure ou capsulose , survient dans 70 à 90 % des cas après une chirurgie de la cataracte. En gros, si vous vivez assez longtemps, vous en ferez une, c’est normal !

En effet, contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, il ne s’agit pas d’une récidive de la cataracte.

Elle est liée à une prolifération cellulaire sur la capsule postérieure du cristallin , membrane transparente qui a été conservée lors de l’implantation de l’implant intraoculaire (IOL).

Ce phénomène est bénin , indolore, et considéré comme quasiment inévitable à moyen terme, surtout chez les patients jeunes ou atteints de certaines pathologies (diabète, uvéite…). La cataracte secondaire peut provoquer une baisse progressive de la vision , un éblouissement ou un voile visuel similaire à celui de la cataracte initiale.

Pourquoi voir apparaître des corps flottants ?

Les corps flottants (ou myodésopsies ) sont des petites opacités mobiles qui se déplacent dans le champ de vision, souvent décrites comme des filaments, des mouches ou des toiles d’araignée. Ils deviennent plus visibles sur fond clair ou en extérieur.

Leur apparition peut coïncider avec une chirurgie de la cataracte, sans en être nécessairement une conséquence directe.

Plusieurs causes possibles :

  • Liquéfaction du vitré liée à l’âge (décollement postérieur du vitré)
  • Modifications du vitré induites par une chirurgie intraoculaire
  • Traumatismes chirurgicaux légers lors de la phacoémulsification
  • Inflammation post-opératoire transitoire
  • Ou tout simplement, une prise de conscience de corps flottants préexistants devenus plus perceptibles après récupération de la vision

Avec le temps, tout le monde a des myodésopsies. Si vous les cherchez ( ce que je ne recommande pas ), vous les trouverez !

Ces myodésopsies sont le plus souvent bénignes , mais doivent être surveillées. C’est leur apparition brutale ou leur recrudescence  qui doit amener à consulter pour éliminer une complication plus sérieuse, comme une déchirure rétinienne .

Comment traite-t-on une cataracte secondaire ?

La capsulotomie au laser YAG est le traitement de référence de la cataracte secondaire. Réalisée en consultation , sans douleur et en quelques minutes, cette procédure consiste à ouvrir la capsule postérieure à l’aide d’un laser YAG , afin de restaurer une vision nette.

Ce geste est rapide, sécurisé , et les résultats sont généralement immédiats ou en quelques jours . Aucune incision n’est nécessaire, et l’œil est simplement dilaté avant le geste. Une surveillance post-laser à 1 mois est prévue pour contrôler la pression intraoculaire et s’assurer de l’absence d’inflammation.

Les corps flottants disparaissent-ils seuls ?

Dans la majorité des cas , les corps flottants diminuent progressivement avec le temps. Le cerveau s’y habitue ou apprend à les ignorer , un processus appelé neuroadaptation .

Ce processus prend généralement quelques semaines à quelques mois .

Cependant, dans certains cas, les symptômes peuvent persister , devenir gênants voire invalidants pour certaines activités (lecture, conduite, écrans). Il est alors essentiel de faire un bilan ophtalmologique complet pour évaluer la gêne et exclure toute atteinte rétinienne.

Quelles alternatives si les flottements persistent ?

Lorsque les myodésopsies deviennent particulièrement handicapantes, plusieurs options thérapeutiques peuvent être envisagées :

  • La vitréolyse au laser YAG (à ne pas confondre avec la capsulotomie YAG), qui consiste à fragmenter les opacités . Ce geste est controversé , non systématiquement efficace et non sans risques
  • La vitrectomie , qui consiste à retirer chirurgicalement le vitré. Elle est réservée à des cas très sélectionnés , lorsque la gêne visuelle est majeure et durable
  • L’adaptation psychovisuelle avec accompagnement, parfois renforcée par des techniques de rééducation visuelle ou d’aide à la compensation

Il est important de bien peser les bénéfices et les risques de ces traitements, souvent réservés à des situations extrêmes.

Conclusion

La cataracte secondaire et les corps flottants sont des troubles fréquents après une chirurgie du cristallin. Bien que sans lien direct, ils sont souvent concomitants , et suscitent des inquiétudes compréhensibles. Heureusement, la cataracte secondaire se traite efficacement grâce à la capsulotomie au laser YAG , tandis que les myodésopsies , dans la majorité des cas, s’atténuent naturellement avec le temps.

Un suivi ophtalmologique régulier est essentiel pour rassurer, surveiller, et intervenir si besoin.

Article rédigé par Le Dr Grasswill

Le Dr Cédric Grasswill est un chirurgien ophtalmologiste spécialiste des troubles de la vision. Depuis plusieurs années, il intervient dans différents établissements de la région Strasbourgeoise.